Un métier de l’invisible.

 

 

« Raconter sa propre vie, c’est s’ouvrir à autrui, solliciter son intérêt. Chacun en fait l’expérience : parler de soi suscite un échange qui constitue une forme d’expérimentation du commun. En retour, s’intéresser à la vie des autres, c’est aussi s’en rapprocher, transformer son regard sur eux, nouer une relation du seul fait de cette curiosité. La parole et l’écoute sont en eux-mêmes producteurs de communauté, de lien social. » Pierre ROSANVALLON présenté dans son essai  « Le parlement des invisibles » édit.Seuil, collection Raconter la vie, 2014

Un biographe est un écrivain anonyme. Régulièrement, des biographies de personnalité artistique, politique et autres sont publiées. Derrière ces ouvrages, se cache souvent un « Nègre », nom couramment donné pour parler d’un biographe.

Ce professionnel exerce aussi auprès des personnes ordinaires que l’on nomme le narrateur.

Ensemble, écrivain et narrateur s’engagent dans une démarche de transmission de la mémoire. Laisser une trace de son histoire est un don précieux. Le biographe grâce à son écoute active, accueille les expériences sans jugement, sans apporter son point de vue. Il a pour rôle de traduire par écrit les propos recueillis à l’oral.

Le biographe peut pallier les difficultés de transmission orale liées aux modes de vie contemporains. Il aide chaque narrateur à devenir un passeur d’histoire.

À partir de l’instauration d’une relation de confiance, il s’attache à traduire les non-dits, les silences dans le respect des propos recueillis et la confidentialité des échanges. Il mobilise ses qualités d’empathie, de bienveillance et ses compétences psychologiques.

Généralement, il intervient chez les narrateurs, mais certains possèdent un cabinet. La relation est recherchée, car c’est elle qui permet de ressentir les émotions du narrateur pour ajuster le travail d’écriture.

Biographe, c’est un métier d’écriture et de relation.